Désinformation : L’image de la France en jeu(x)
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent, et un milliard de téléspectateurs à travers le monde se préparent à assister à cet événement majeur. Au-delà de la compétition sportive, ces Jeux revêtent une dimension politique, particulièrement dans un contexte géopolitique tendu marqué par le conflit israélo-palestinien, la guerre en Ukraine, et de nombreuses élections dans le monde entier. Cette conjoncture fait de la désinformation une menace imminente pour l’édition parisienne des Jeux Olympiques.
Comprendre la Désinformation
La désinformation, telle que définie par Le Robert, est « l’utilisation des techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits ». Elle vise à manipuler l’opinion publique et à perturber la perception des événements. Dans le cadre des Jeux Olympiques, cette manipulation peut être amplifiée par des cyberattaques, rendant les campagnes de désinformation encore plus percutantes.
La désinformation est souvent déployée par des acteurs étatiques ou non étatiques pour influencer des opinions politiques, économiques ou sociales. Les techniques courantes incluent la diffusion de fausses informations, la création de comptes fictifs sur les réseaux sociaux, et l’utilisation de bots pour amplifier des messages. En période de grands événements comme les Jeux Olympiques, ces techniques peuvent être utilisées pour semer le doute, diviser les opinions publiques et déstabiliser les organisations en charge de l’événement.
Retour sur les Précédentes Éditions des Jeux Olympiques
Rio 2016 : L’Opération de « Hack and Publish »
En 2016, à la veille des Jeux Olympiques de Rio, le rapport McLaren de l’Agence mondiale anti-dopage (AMA) a révélé un dopage d’État en Russie de 2011 à 2015. Cette révélation a conduit à la suspension de 68 athlètes russes et à des sanctions sévères du CIO. En réaction, le groupe APT28, également connu sous le nom de Fancy Bears’ Hack Team, a mené une opération de « hack and publish » contre l’AMA. Cette opération impliquait l’exfiltration de données sensibles et leur diffusion publique pour discréditer l’AMA et semer le doute sur l’intégrité des athlètes étrangers.
Les conséquences de cette opération ont été significatives. Non seulement l’AMA a dû faire face à une crise de confiance, mais cet incident a également illustré comment la cyberattaque et la désinformation peuvent être utilisées conjointement pour atteindre des objectifs géopolitiques. Le groupe APT28, lié aux services de renseignement russes, a démontré une fois de plus sa capacité à mener des opérations sophistiquées et à grande échelle pour influencer l’opinion publique mondiale.
Pyeongchang 2018 : Amplification sur les Réseaux Sociaux
Lors des Jeux d’hiver de Pyeongchang en 2018, les athlètes russes ont participé sous une bannière neutre en raison des sanctions imposées par le CIO. Ces sanctions étaient une réponse directe au scandale de dopage révélé deux ans plus tôt. En réponse, des faux comptes Twitter, proches du Kremlin, ont amplifié les protestations contre ces sanctions, utilisant le hashtag #NoRussiaNoGames. Cette campagne visait à dénoncer un complot occidental et à mobiliser le soutien aux athlètes russes, illustrant la puissance des réseaux sociaux dans la propagation de la désinformation.
L’utilisation des réseaux sociaux pour amplifier des messages de désinformation n’est pas nouvelle, mais la campagne #NoRussiaNoGames a montré comment ces plateformes peuvent être exploitées pour influencer des perceptions à une échelle globale. En créant et en amplifiant des messages de soutien aux athlètes russes, les auteurs de cette campagne ont réussi à semer le doute sur l’impartialité des sanctions du CIO et à polariser davantage l’opinion publique.
Tokyo 2020 : Fake News et Propagande
Les Jeux de Tokyo, tenus en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, ont également été marqués par des manœuvres de désinformation. Sous la bannière ROC (Russian Olympic Committee), les athlètes russes ont été au centre de campagnes de fake news et de propagande sur les réseaux sociaux, notamment avec le hashtag #WewillROCyou. Ces actions visaient à critiquer les sanctions imposées et à semer le doute sur l’intégrité de l’organisation des Jeux.
En plus des efforts pour discréditer les sanctions contre les athlètes russes, d’autres formes de désinformation ont été observées. Par exemple, des rumeurs concernant des violations des protocoles Covid-19 par des athlètes étrangers ont été propagées, créant une atmosphère de méfiance et de suspicion. Ces campagnes montrent que la désinformation peut prendre de nombreuses formes et s’adapter aux contextes spécifiques pour maximiser son impact.
Pékin 2022 : Accusations de Désinformation Occidentale
Les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin en 2022 se sont déroulés dans un climat de dénonciation des violations des droits humains en Chine. En réponse au boycott de la cérémonie d’ouverture par plusieurs pays occidentaux, la Chine a accusé ces nations de mener une campagne de désinformation pour saper son influence globale. Des articles de médias pro-gouvernementaux ont dénoncé une « hausse des efforts de désinformation de groupes occidentaux », accusant l’Occident de propager de fausses informations sur les politiques chinoises.
Ces accusations de désinformation occidentale par la Chine ont servi à détourner l’attention des critiques internationales concernant les droits humains et à renforcer le soutien national en Chine. En utilisant les médias d’État et les réseaux sociaux, la Chine a cherché à contrôler le récit autour des Jeux Olympiques et à minimiser l’impact des boycotts diplomatiques
Les Défis pour Paris 2024
L’édition parisienne des Jeux Olympiques se déroulera dans un contexte géopolitique marqué par des tensions accrues et des rivalités entre puissances capables de mener des manœuvres informationnelles sophistiquées. La France, en raison de ses positions contre la Russie et de son implication dans le conflit israélo-palestinien, est une cible privilégiée pour la désinformation.
Depuis plusieurs mois, des opérations de désinformation ont déjà été lancées par la Russie pour dégrader l’image de la France en tant que pays hôte. Parmi ces opérations figurent des rumeurs sur une invasion de punaises de lit, des actes de vandalisme comme des mains rouges peintes sur un mémorial des victimes de la Shoah, et des fausses informations sur le traitement de la Seine pour la rendre baignable. Ces campagnes visent à exploiter les fractures sociales et politiques de la société française, surtout dans un contexte électoral tendu, tout en mettant en doute la capacité du pays à accueillir un événement d’envergure mondiale.
Il est également probable que la Chine mène des opérations de désinformation en lien avec les « Cinq Poisons », un terme désignant les sujets perçus comme des menaces par le Parti Communiste Chinois : les Ouïghours, les mouvements pour l’indépendance du Tibet, les adhérents au Falun Gong, les soutiens au mouvement démocratique chinois, et Taïwan.
Les campagnes de désinformation autour des Jeux Olympiques de Paris pourraient également se concentrer sur des questions de sécurité et de logistique, telles que la sécurité des sites olympiques, la gestion des foules, et les mesures de santé publique liées à la pandémie de Covid-19. En propageant des rumeurs et des fausses informations sur ces sujets, les acteurs malveillants peuvent semer la panique et la confusion parmi les spectateurs, les athlètes et les organisateurs.
L’importance de connaître le risque cyber
Face à ces menaces, la connaissance joue un rôle crucial. En juin, notre équipe d’experts a publié un rapport détaillé sur la désinformation, fournissant une analyse approfondie du contexte des Jeux Olympiques et une grille de lecture du risque de manoeuvres informationelles. Ce rapport est un outil indispensable pour comprendre et anticiper les menaces liées à la désinformation.
La Cyber Threat Intelligence permet de surveiller les sources potentielles de désinformation lorsqu’elles agissent via des cyberattaques, d’identifier les motifs et les tactiques des acteurs malveillants, et de mettre en place des stratégies de réponse adaptées. En collaborant avec les agences de sécurité, les organisations de médias et les plateformes de réseaux sociaux, les experts en CTI peuvent aider à détecter et à contrer les campagnes de désinformation avant qu’elles ne causent des dommages significatifs.
Citalid propose une solution SaaS au coeur de laquelle la quantification du risque cyber se nourrit de données issues de la CTI pour permettre aux organisations de connaître leur exposition financière et de prendre de meilleures décisions pour gérer leur risque cyber. Cette solution prend en compte des facteurs internes et externes à l’organisation, afin de lui apporter une quantification précise.
Conclusion et Appel à l’Action
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent un défi majeur en termes de sécurité informationnelle. Les précédentes éditions ont montré que la désinformation peut prendre de multiples formes et avoir des impacts significatifs. En s’appuyant sur la Cyber Threat Intelligence, nous pouvons mieux nous préparer et protéger cet événement mondial contre les campagnes de désinformation.
Pour les entreprises et les organisations impliquées dans les Jeux Olympiques, il est essentiel de comprendre les risques et de mettre en place des mesures de protection robustes. Cela inclut la formation des employés à la reconnaissance de la désinformation, la mise en place de protocoles de réponse rapide et la collaboration avec des experts en CTI pour surveiller et analyser les menaces émergentes.
Téléchargez dès maintenant notre rapport complet pour découvrir comment vous pouvez contribuer à sécuriser les Jeux Olympiques de Paris 2024 contre les menaces de désinformation. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que cet événement mondial se déroule dans un climat de confiance et de sécurité.
