Risque inhérent versus risque résiduel en cyber sécurité : comprendre son risque pour mieux agir
Deux notions simples mais essentielles permettent de structurer toute réflexion autour du pilotage des risques : le risque inhérent et le risque résiduel. Comprendre ces deux concepts, c’est poser les bases d’une stratégie efficace face aux menaces cyber qui pèsent sur les entreprises.
Le risque inhérent : l’exposition à l’état brut
Le risque inhérent est généralement présenté comme le niveau de danger maximal auquel une organisation est exposée avant la mise en place de toute mesure de protection. C’est une photographie brute de l’exposition, une évaluation de ce qui pourrait arriver si rien n’était fait pour se protéger. Le risque inhérent peut aussi être abordé comme l’état dans lequel se trouve l’entreprise à la date d’évaluation, c’est-à-dire en prenant en compte les éventuelles mesures de sécurité déjà mises en place dans l’organisation (Inherent Risk vs. Residual Risk Explained in 90 Seconds – Rachel Slabotsky).
Ce risque dépend de plusieurs facteurs interconnectés. D’abord, la menace elle-même : des acteurs étatiques, paraétatiques, cybercriminels opportunistes aux hacktivistes motivés par des idéologies, en passant par les employés malveillants, les sources d’attaque sont variées et en constante évolution.
À cette menace externe s’ajoutent les vulnérabilités internes : les logiciels obsolètes, des configurations mal sécurisées, des plans de continuité absents ou une formation insuffisante des employés forment autant de brèches prêtes à être exploitées.
Le risque résiduel : l’exposition après la mise en place de nouvelles mesures de protection
Le risque résiduel correspond à ce qu’il reste une fois que des mesures de protection ont été mises en place. Il représente l’exposition résiduelle de l’entreprise après l’installation d’un EDR (End-point Detection & Response), l’adoption d’une politique stricte de gestion des mots de passe ou encore la sensibilisation des employés par exemple.
Un autre outil clé pour gérer le risque résiduel est l’assurance cyber. Une police d’assurance adaptée permet de partager une partie de ce risque avec un assureur, limitant ainsi l’impact financier et opérationnel d’une attaque. Les coûts de gestion de crise, de notification des parties prenantes impactées ou encore de restauration des systèmes d’information peuvent ainsi être couverts.
Une boussole stratégique : risque inhérent vs risque résiduel
Le ratio entre le risque inhérent et le risque résiduel est un indicateur clé. Il permet de visualiser l’impact réel des actions mises en œuvre et de prioriser les efforts en fonction de leur retour sur investissement (ROI). Ce ratio n’est pas qu’un exercice théorique : il sert aussi à mieux communiquer sur les bénéfices des stratégies adoptées. Pour un CEO ou un CFO, visualiser que l’impact financier d’une attaque passe de plusieurs millions à quelques centaines de milliers d’euros grâce aux mesures en place, c’est une preuve concrète de leur efficacité.
La quantification du risque cyber (ou Cyber Risk Quantification, CRQ) permet de mesurer avec précision le risque inhérent et le risque résiduel. Cette méthodologie va au-delà de l’analyse technique pour inclure des dimensions organisationnelles, humaines et financières. Elle permet de quantifier l’impact d’un plan de continuité ou du poids des pénalités contractuelles avec les partenaires d’affaires de l’entreprise. La CRQ devient alors un levier pour hiérarchiser les actions à mener selon leur retour sur investissement et leur contribution à la réduction globale du risque.
Vers une gestion éclairée des risques
Comprendre et maîtriser les notions de risque inhérent et de risque résiduel, c’est transformer la cybersécurité en une démarche stratégique. Grâce à des outils comme la CRQ, les entreprises peuvent quantifier précisément l’impact de chaque action, qu’il s’agisse de solutions technologiques, d’initiatives organisationnelles ou d’efforts de mise en conformité.
En adoptant cette approche proactive, les organisations ne se contentent pas de répondre aux exigences réglementaires, elles peuvent y voir une opportunité de renforcer leur posture globale tout en optimisant leur budget. La cybersécurité n’est plus seulement une nécessité : elle devient un levier de compétitivité et un moyen de bâtir une résilience durable face aux menaces.